Au nord d'Aranatdhôr se trouve les terres sauvages, aucun peuple n'y a officiellement élu domicile, seul ceux qui ne craignent pas le danger et voulant vivre loin de la civilisation ose s'y aventurer. C'était le cas d'une meute de lycans, bien des siècles avant qu'elles ne soient toutes réunies en une meute unique. Cette meute avait été formée il y a des siècles de cela part divers lycans fuyant le monde civilisé. S'étant établi à une trentaine de kilomètres au nord de la frontière d'Aranatdhôr, la meute ne comptait qu'une douzaine d'individu et n'en a jamais compté plus de vingt, il s'agissait donc d'une petite meute. De sa création à sa dissolution, il n'y eut qu'un seul Alpha : Erik Saldur, un ancien soldat d'Aquasca. La meute, du début à la fin, avait la réputation d'être particulièrement sociable envers d'autres races, mais plus particulièrement avec les voyageurs qui leur vendaient ou troquaient parfois de l'alcool et autres denrées rares dans cette région reculée.

C'est dans cette meute que naquit Arion Sinoëth en l'an de grâce 3273. C'est deux parents étaient des lycans ayant fui le royaume de Calandôr, car ils étaient recherchés pour divers crimes commis sous leur forme lupine. Étant né lycan, Arion fut éduqué comme tel en connaissant les forces et les faiblesses de son peuple. Il grandit au milieu d'autres lycans, vivant dans un milieu hostile et n'ayant que très peu d'autres jeunes lycans, il fut éduqué très vite au rudiment de la chasse, on lui apprit à pister les traces et à user de ses sens pour débusquer une proie. Quand il a été assez grand pour porter et utiliser un arc on lui enseigna à l'utiliser avec efficacité. Ce n'est que plus tard, quand il maîtrisa les divers aspects de la chasse, qu'il suivit un entraînement de guerrier, il se rendit vite compte qu'il n'était pas à l'aise avec la plupart des armes, voyant son manque flagrant d'adresse avec ses armes, on lui permit de ne plus suivre cet enseignement, mais il continua de s'exercer avec des armes plus petites telles que des dagues et des épées courtes, de plus ceci lui permit de s'exercer encore plus une arme à distance bien particulière : l'arbalète, devenant en quelques années le meilleur tireur de la meute.

Comme tous les lycans, son enfance alla à une allure normale, voir peut être un peu rapide, mais une fois à l'âge adulte il cessa de vieillir ou du moins cela allait à une vitesse bien inférieur que la normale, à tel point qu'aujourd'hui encore il semble avoir une trentaine d'années. Quand il atteint l'âge de seize ans on lui fit passer le rite, une coutume de la meute, qui se retrouvait dans plusieurs meutes, s'il réussissait les épreuves du rite il serait considérait comme adulte et pourrait ainsi participer activement à la vie de la meute.

La nuit était tombée depuis plusieurs heures déjà, Arion était assis en tailleur les mains sur ses genoux, au milieu d'un cercle de sable noir en plein milieu d'une immense étendue plane recouverte de neige. Il était torse nu, des peintures tribales recouvraient tout le haut de son corps, ses bras et sa tête compris, bien qu'il ait froid il n'en montrait rien, il respirait lentement, son torse se soulevait à chaque respiration.

Il avait conscience que le danger de l'épreuve n'était pas le froid glacial de la nuit et de la neige, non le véritable danger était qu'il se trouvait au cœur du territoire d'une meute de loups. Bien qu'il devait rester dans le cercle noir toute la nuit, ceci n'était pas l'objectif de l'épreuve, mais juste les contraintes. Le véritable objectif était de se faire accepter par la meute de loups, il était certain que les loups viendraient lui rendre visite durant la nuit. Si un jour de pleine lune il n'aurait pas craint une telle rencontre, aujourd'hui, il s'agissait d'une nuit classique comme temps d'autre. S'il voulait faire partie d'une meute de Lycans, il devait être considéré par les loups comme l'un des leurs.

Les yeux fermaient, il méditait ressentant l'environnement autour de lui grâce à ces autres sens. Il sentait un léger vent venir caresser son visage, puis la fraicheur des flocons se posant sur ses bras, de nombreuses odeurs lui arrivaient aux narines telle que l'odeur de l'herbe humide se trouvant sous la neige ou encore celle des petits rongeurs sortir de nuit pour trouver à manger, mais surtout l'odeur forte et agressive de la fourrure humide accompagner à l'odeur du sang et de la mort. Il le savait ils étaient là. Il ouvrit les yeux.

Face à lui un imposant loup noir le toisait du regard comme s'il cherchait à évaluer l'âme d'Arion, derrière lui deux autres loups, dont une louve, étaient postés derrière lui. Ce loup noir devait être l'alpha. Il entendit d'autres bruits autour de lui, lentement il tourna la tête de chaque côté pour voir deux autres loups, un troisième devait se trouver derrière lui. Tous se trouvaient à l'extérieur du cercle noir, ils semblaient attendre quelque chose.

Face à face avec le chef de la meute, Arion comprit que durant toute son enfance on l'avait préparé à affronter ce moment. On lui avait appris à lire le comportement des animaux et plus particulièrement celui des loups. Lorsque la meute rencontrait un loup solitaire, ce dernier n'avait que très peu de possibilités, soit il pouvait intégrer la meute en se soumettant devant l'alpha, soit il pouvait s'aplatir complètement et reculer pour pouvoir partir sain et sauf ou il pouvait affronter l'alpha dans un redoutable combat afin de prendre sa place, dans ce cas-là le loup arborait une posture de dominant, les oreilles relever, la tête droite fixant son adversaire.

Arion savait ce qu'il devait faire, ils le considéraient comme un loup solitaire, c'était une bonne chose, normalement il aurait dû baisser la tête presque jusqu'au sol, mais il ne voulait pas montrer qu'il était faible face à l'alpha. Mais n'ayant pas le désir d'affronter l'alpha ni celle de fuir il opta pour autre option. Il se redressa pour avoir sa tête au même niveau que celle de l'alpha, le dos droit, il avait à présent un genou au sol. Il fixa le loup droit dans les yeux, ce dernier semblait faire de même. Il resta quelques minutes comme cela, jusqu'à ce qu'Arion incline légèrement la tête en signe de respect. Le regard toujours rivé sur l'alpha, ce dernier ne bougeait pas et durant un moment qui sembla durer une éternité il ne bougea pas, puis enfin il inclina légèrement la tête. En même temps, tous deux relevèrent la tête et se regardèrent une dernière fois puis la meute partit.

Le soleil se montrait déjà. La rencontre qui avait semblé durer que quelques minutes avait en fait duré plusieurs heures. Jamais Arion ne pourrait oublier cette rencontre aux limites du divin. Il se rassit en tailleur et resta là encore plusieurs heures, jusqu'au moment où des hommes de la meute, inquiets de ne pas le voir revenir, vinrent à sa rencontre. Arion se leva et resta silencieux jusqu'à son retour au camp, mais jamais il ne parla de sa rencontre avec l'alpha.

La seconde et dernière épreuve du rite était plus terre à terre. Encore une fois, il se retrouvait seul, cette fois-ci en pleine forêt à l'ouest du campement, au pied des montagnes de fer. La chasse était le cœur même de la meute, sans elle la meute ne pourrait survivre, un lycan qui ne savait pas chasser ne servait à rien et serait exclu. Il était donc naturel que la dernière épreuve du rite soit une épreuve de chasse.

Équiper d'un petit assortiment d'armes à savoir un arc et une dizaine de flèches ainsi qu'un couteau de chasse. Arion avançait lentement entre les arbres cherchant une proie. Pour l'épreuve, on ne lui avait pas imposé de proie précise, il était libre de ramener n'importe quelle proie. Mais conscient que la proie qu'il ramènerait montrerait quel type de chasseur il était, il s'était refusé à attraper un petit animal ou un blesser. Non, il cherchait "sa proie", celle qui saurait montrer qui il est, une proie qui lui correspondait.

Guider par son instinct il ignora de nombreux animaux, continuant d'avancer. Il n'avait aucune idée d'où il était, il ne connaissait pas cette forêt, seuls ceux qui passaient les épreuves étaient autorisés à y pénétrer, on racontait même que des créatures monstrueuses rôdaient en ces lieux, mais bien sûr ce n'était que des histoires pour faire peur aux enfants. Du moins, c'était ce que pensait Arion.

Enfin, il le vit, après plusieurs heures, il avait enfin trouvé l'animal qui lui correspondait, un majestueux cerf blanc. L'animal remarqua Arion, mais ne bougea pas, se contentant de le regarder, semblant attendre l'inévitable. Le jeune lycan resta immobile pendant ce qui lui sembla une éternité à observer le cerf, au fond de lui il n'avait pas envie d'abattre un si bel animal, mais il devait le faire. Ainsi il se força à armer son arc, à le bander et viser le cerf. Il visa le corps de la bête pour qu'elle ne souffre pas. Mais il ne tira pas.

Un hurlement se fit entendre à quelques mètres d'eux, aussitôt le cerf se mit à courir. Quelques instants plus tard, une gerbe de flammes sembla le poursuivre, mais l'animal arriva à y échapper. Puis une créature ailée fondit sur l'animal à une vitesse prodigieuse, mais encore une fois le cerf réussit à s'échapper. La créature avait atterri à l'endroit où se trouvait l'animal quelques secondes plus tôt. Il s'agissait d'un dragon bleu, pas l'un des immenses dragons décrits dans les récits, il était petit, enfin "petit" pour un dragon. En général, les dragons bleus vivaient dans les montagnes de fer, mais certains devaient descendre pour aller chasser. La tête redressée il dépassait aisément Arion d'une vingtaine de centimètres. Il devait être jeune, enfin c'était ce qu'Arion se dit, n'ayant jamais vu réellement de dragons, seulement en dessin ou en gravure.

La créature continuait de regarder dans la direction par laquelle avait fui le cerf, il semblait avoir perdu la trace de l'animal. Il se mit à renifler l'air à la recherche d'une quelconque piste. Puis il s’immobilisa, tourna la tête vers Arion, il ne semblait pas l'avoir vu plus tôt, mais l'odeur du lycan avait attiré son attention. Tremblant de peur le jeune lycan resta immobile ne sachant quoi faire. Son visage était devenu blanc, la peur avait pris possession de son corps. À peine âgé de seize, Arion fit la seule chose sensée à faire dans cette situation, il se mit à courir. Lâchant son arc il courrait comme un dératé d'où il était venu, ne regardant même pas derrière lui si le dragon le suivait. Il courut jusqu'à ce qu'il n'en puisse plus, et ce durant une bonne heure, jusqu'à arriver à la lisière de la forêt.

Épuisé, il s'arrêta essayant de reprendre son souffle. Il regarda derrière lui, il n'y avait rien. Le dragon n'avait pas dû le suivre ou avait fini par se désintéresser de lui. Après quelques minutes ; temps qui lui fallut pour reprendre une respiration normale ; il s'aperçut qu'à quelques mètres de lui se trouvait le cerf blanc. Se rappelant pourquoi il se trouvait dans la forêt se maudit d'avoir lâché son arc. Alors qu'il était à nouveau subjugué par la beauté de l'animal, il réussit toutefois à avancer vers lui lentement. L'animal ne bougea pas, même quand Arion toucha sa tête doucement. Avançant un peu plus vers l'animal, passa un bras autour du cou du cerf, de l'autre il prit le couteau accroché à sa ceinture, il hésita un instant avant de finalement frapper. Un coup net et précis, la lame passa entre les côtes pour aller se figer dans le cœur. La seconde épreuve était terminée.

Quand il arriva au camp avec le cadavre de l'animal, l'ayant tiré pendant plusieurs heures jusqu'à son arrivée. Érik le félicita en personne pour la belle prise qu'il avait ramenée. Quand Arion raconta ce qui lui était arrivé dans la forêt, personne à part Érik ne le crut, mais ce dernier resta silencieux, il était vrai que voir un dragon, aussi jeune qui plus est, aussi bas dans les terres, semblait impossible. Mais Arion lui connaissait la vérité et la peur qu'il eût ressenti.

Soixante ans se sont écoulés depuis la nuit où le jeune chasseur avait rencontré l'alpha, soixante ans depuis la terrifiante vision du dragon bleu. À présent, le jeune lycan est devenu un homme, s'il semble n'avoir alors qu'une vingtaine d'années, il n'en est pas moins sage et mature, alors âgé d'environ quatre-vingts ans, il a vu la meute évoluer et s'agrandir au fil des ans, lui-même a eu quelques enfants, la plupart étant mort-né ou étant de simples humains, chassés de la meute une fois adulte, il n'eut qu'un seul enfant lycan, une fille. Cette dernière devait passer cette année-là le rite de passage. Sachant ce qu'elle allait endurer durant ces épreuves il ne peut s'empêcher de repenser à celles qu'il a lui-même effectuées en priant pour qu'il n'arrive rien à sa fille.

Le jour du retour triomphant de la jeune femme, avec un magnifique sanglier, une fête fut organisée, comme cela était la coutume après qu'un lycan ait réussi les épreuves. Le sanglier, ainsi que d'autres bêtes servirent à remplir le banquet donné en l'honneur de la jeune lycan. Mais alors que l'hydromel coulait à flots et que de nombreux lycans dansaient autour d'un gigantesque feu, l'impossible se produisit. Un carreau traversa le camp pour aller se figer dans la poitrine d'Érik Saldur, le chef de meute. Un silence pesant s’installa dérangé par des bruits de course puis des bruits de sabot d'un assassin en fuite. Alors que le cadavre d'Érik n'était pas encore froid, certains lycans se lancèrent à la poursuite de l'assassin, Arion en faisait partie.

La course poursuite durant pendant plusieurs semaines, l'assassin était doué, il savait maquer ses traces, il aurait pu facilement s'échapper s'il n'a pas eu affaire aux meilleurs chasseurs de la meute. Les lycans suivirent la piste de l'assassin jusqu'à Khemdara loin au sud, il avait failli perdre la trace de l'assassin plusieurs fois notamment en passant dans diverses villes et divers villages.

Ils retrouvèrent l'assassin dans une taverne de la ville pensant sans doute avoir réussi à semer ses poursuivants. Il regretta s'être autant trompé. Quand l'assassin les vit entrer dans la taverne, il devint livide, et resta planté là, tétanisé au lieu de fuir. Les lycans firent évacuer l'établissement et commencèrent à interroger l'homme. Ils reconnurent l'assassin comme étant un voyageur de passage que la meute avait accueilli pour quelques jours. Ils apprirent qu'il avait vu une affiche de recherche avec une bonne somme à la clé pour la tête d'Érik Saldur, qui dans son pays d'origine était un criminel recherché. Or cette affiche devait dater puisque l'ancien chef de meute était devenu un lycan depuis plus d'un siècle déjà, à moins que le commanditaire inconnu sache qu'il était lycan. Pour finir cette histoire absurde, l'assassin s'effondra une plaie béante lui transperçant le corps.

Leur chasse terminée, les lycans durent quitter la ville au plus vite à présent rechercher par les autorités locales. Il leur fallut de longues semaines pour rentrer chez eux, l'hiver était bien présent et les chutes de neige les ralentissaient grandement. Quand enfin ils finirent par arriver chez eux, ils eurent la mauvaise surprise de trouver un lieu vide où seule une tombe était présente celle d'Érik. De nombreuses traces de pas et de sabot indiquaient que la meute était partie vers l'ouest en direction des Montagnes de fer. Ainsi commença pour nos chasseurs un nouveau voyage en direction d'un lieu qui leur est inconnu.

Le groupe de chasseurs suivit la piste de la meute jusqu'aux Montagnes de Fer, c'est en cet endroit à l'aspect désertique qu'ils perdirent sa piste. Pendant des jours entiers, ils cherchèrent sans relâche en arpentant l'immensité de cette chaîne de montagnes, mais en vain. Ce n'est qu'à l'aube du quatrième jour qu'ils eurent un regain d'espoir, alors qu'ils menaient leur recherche dans une profonde caverne ils arrivèrent dans une immense ville creusée dans la roche, là des nains vinrent à leur rencontre. Ce peuple semblait plutôt hospitalier, mais semblait grandement se méfier du groupe de lycans. Ces derniers étant mal à l'aise dans un endroit clos comme la caverne refusèrent poliment l'invitation des nains, ce qui ne semblait pas tellement déplaire au peuple de la montagne. Ces derniers apprirent aux chasseurs que d'autres lycans, en plus grand nombre, avaient été aperçus plus loin au nord dans une clairière au coeur de la chaîne de montagnes.

Suivant les indications des nains, voilà que le groupe de lycans partit vers le nord à la recherche de la clairière. Mais les indications n'étant pas très claires, il leur fallut trois jours pour trouver l'entrée de la clairière et ainsi retrouver la piste de la meute. La clairière était assez large, un ruisseau qui prenait probablement sa source dans un des sommets enneigés de la chaîne, le traversait de part en part ce lieu où la végétation avait pu s'établir créant ainsi un parfait endroit où établir un nouveau camp. Il ne leur fallut pas longtemps pour apercevoir au loin les premières tentes.

Quelle ne fut pas l'horreur qu'ils ressentirent quand ils trouvèrent le camp totalement détruit. De nombreux cadavres jonchaient le sol, si la majorité était des lycans, d'autres semblaient être humains. En regardant de plus près le groupe non lycan, qui devait avoisiner la dizaine d'individus, ils s'aperçurent qu'ils n'étaient pas tous humains, il y avait également des devas et des asuras. Ils comprirent qui ils étaient quand Arion trouva un bouclier portant les armoiries des manians, un groupe d'humanoïdes chassant principalement les démons et autres formes de vie surnaturelle dont les lycans faisaient partie.

Même si faire partie de la meute c'était comme faire partie d'une famille, en cet instant Arion ne ressentit pas la chose sous cet angle, pour lui sa véritable famille était sa femme et sa fille. Mais alors qu'ils cherchaient les corps de ces dernières, il ne retrouva que celui de sa femme. Sa fille restait introuvable, peut-être avait elle survécu à l'attaque et avait pu s'enfuir, à moins qu'elle n'ait été capturée par les manians, bien que ceci ne soit pas dans leur habitude.

Ayant un petit regain d'espoir, Arion reprit ses esprits et avec les cinq autres chasseurs, ils s'attelèrent à donner une sépulture descente à tous les lycans. Après avoir honoré leur mort et brûlé les manians, ils repartirent à la recherche, sans grand espoir, de survivant.

Durant les décennies qui suivirent, ils apprirent que de nombreuses meutes avaient connu le même sort, après de nombreux combats que ce soit contre des soldats ou des manians, le nombre des chasseurs diminua jusqu'à ce qu'il ne soit plus que trois. Leurs rencontres avec d'autres lycans se firent de plus en plus rares, à tel point qu'ils se demandèrent s'ils n'étaient pas les derniers, et ce jusqu'au jour, alors qu'Arion avait alors plus de deux cents ans, où un lycan vint à leur rencontre.

Le lycan se disait le messager d'un autre lycan, alpha d'une nouvelle meute, de la dernière meute. Lui et plusieurs autres avaient été envoyés aux quatre coins du monde à la recherche de leurs frères et sœurs lycans afin que tous le rejoignent pour former une meute qui réuniraient les derniers membres de leur race.

Quand les trois chasseurs arrivèrent auprès de la dernière meute lycan, ils purent constater qu'il restait à peine plus qu'une dizaine d'individus, leur race était proche de l'extinction. Le messager lycan les rassurant quelque peu leur expliquant que tous les messagers n'étaient pas encore revenus et que d'autres réfugiés devraient arriver.

Les trois survivants étrangement ne furent pas menés auprès de l'alpha, le messager avait ordre de leur trouver un lieu où il pourrait résider. Ils furent séparés, Arion se retrouva dans une tente seul, le message lui dit qu'il allait sans doute devoir partager sa tente dans les heures qui suivrait, il se demanda pourquoi il n'avait pas été installé avec ses frères. Mais dans l'immédiat il avait autre chose en tête, la nouvelle d'une nouvelle meute avait réveillé ses espoirs vis-à-vis de sa fille peut-être avait-elle réussi à rejoindre cette meute.

Il parcourut le camp jusqu'à tomber sur le lycan qui l'avait emmené ici. Ce dernier lui apprit qu'il n'y avait personne correspondant au signalement de la fille d'Arion, mais en marchant ensemble, il lui expliqua qui était l'alpha, le lycan ayant connu la guerre du chaos, le plus vieux des lycans encore en vie.

Durant les années qui suivirent, Arion participa à la vie de la meute continuant d'espérer la venue de sa fille. Un jour, un événement ébranla le coeur de la meute, l'alpha venait d'être assassiné par un dénommé Linus. Arion n'avait auparavant jamais vraiment côtoyé le nouvel Alpha, mais il connaissait sa réputation faite dans la violence et la cruauté.

Très vite la meute connut une réorganisation et des proches de Linus furent élevés à de hauts rangs. Fondamentalement contre les autres races, Linus créa, à partir des meilleurs chasseurs de la meute, un groupe de traqueurs qui aurait pour ordre de partir chasser des humains, devas et autres asuras pour que les soirs de pleine lune une grande chasse puisse être organisée. Arion fut choisi pour être le responsable de ce groupe. Ainsi chaque jour , avec sa troupe, il partait vers des raids dans des villages proches de la meute. Il faut savoir qu'à ce moment-là la meute n'était pas installée dans un lieu fixe, il était donc rare qu'ils attaquent deux fois le même village. Même si Arion réprouvait cette activée, il devait obéir à l'alpha, il le savait, s'il avait été plus fort et plus vieux il aurait défié Linus, mais ce n'était pas le cas.

Mais durant les années qui suivirent, alors que le rôle des traqueurs avait évolué pour devenir en quelque sorte les assassins de Linus, il ne pouvait s’empêcher de se poser des questions sur les raisons qui poussaient Linus à vouloir assassiner telle ou telle personne, quelques fois même Arion osait remettre en question les ordres allant mêmes jusqu'à dire haut et fort ce qu'il pensait aux autres lycans. Linus ne pouvant l'exilé pour ci peu mi bientôt un plan pour se débarrasser de ce gêneur.

Un jour alors que Linus prévoyait de partir vers Nékéharkhan, il ordonna à Arion et à deux autres traqueurs de partir vers le nord en direction de Cordis, en effet l'alpha avait ordonné aux trois traqueurs d'exécuter une mission bien particulière : assassiner un général de l'armée royale.

Ainsi Arion et ses frères partirent en direction de Cordis, encore une fois il se posa de nombreuses questions sur la raison de cette mission. Le général ciblé n'avait en apparence rien fait de particulier contre les lycans, pourquoi donc Linus voulait-il sa mort ? Certes, tous les pays avaient une dent contre les lycans, surtout depuis l'avènement de Linus, mais ce général ne faisait que suivre les ordres, il n'était pas la tête pensante de la chasse aux sorcières mener par le royaume d'Aquasca.

En arrivant à Cordis, les trois lycans se firent discrets, évitant les grandes allées le plus possible, préférant les lieux peu côtoyés. Ils se rendirent dans une auberge mal fréquentée où la garde n'allait jamais, un endroit où ils ne risquaient pas d'être surpris à comploter. Là, ils organisèrent leur traque, le général en question était un homme important pour la ville, il semblait être le protecteur de la cité, encore un point étrange. Linus avait-il envisagé de prendre d'assaut la ville, non certainement pas, les lycans étaient loin d'être assez nombreux pour prendre une ville comme Cordis. Il devait y avoir autre chose, peut être, le chef lycan avait-il conclu, une alliance avec un quelconque pays qui prévoyait d'envahir le royaume. Non peu probable, Linus n'aimait pas les autres races et aucun royaume n'aurait risqué une alliance avec des lycans, du moins tant que Linus était à leur tête.

Durant les jours qui suivirent, Arion observa les mouvements du général, s'intéressant à ce qu'il faisait quotidiennement, parmi les lieux où il allait, il en chercha un, où une attaque pourrait être possible sans être trop risqué. En observant le général, Arion remarqua que ce dernier semblait, jour après jour, de plus en plus inquiet comme s'il savait que sa vie était en danger. Puis le jour fatidique arriva.

Arion se trouvait sur une corniche au-dessus d'une petite ruelle par laquelle le général passait tous les jours pour se rendre à la caserne. Il attendait patiemment que sa cible entre dans ladite ruelle pour fondre sur lui tel un rapace fondant sur sa proie. Mais quelque chose clochait, après plus d'une heure d'attente le général n'était toujours pas en vue, pire encore ses frères avaient disparu. Où étaient-ils donc passés ? Le plan ne se passait décidément pas comme prévu. Il redescendit dans une rue adjacente et au moment où il posa le pied au sol il fut attaqué par une dizaine de gardes qui avait bouclé toutes les rues avoisinantes. Il combattit du mieux qu'il put tuant deux soldats avant d'être assommé et de se réveiller plusieurs heures plus tard dans une cellule de la prison locale.

Il repensa pendant longtemps ce qui avait mal tourné, déjà l'absence du général puis la disparition de ses frères-traqueurs. Au début, il refusait l'inévitable, mais au fond de lui il le savait, il avait été trahi. Pendant plusieurs semaines, il ne vit personne, seul dans le noir, les seules fois où il voyait la lumière c'était quand on lui donnait à manger et encore pas tous les jours. Plus les semaines passaient et plus il devenait faible et la proximité imminente de la pleine lune n'aidait vraiment pas.



Un jour, alors qu'Arion était affaibli par sa transformation due à la pleine lune récente, un homme entra dans sa cellule, Arion ne le reconnut pas tout de suite, mais son visage lui revint il s'agissait du général qu'il devait assassiner. L'homme lui dit qu'il avait été trahi, qu'un inconnu avait dénoncé Arion comme étant un assassin à la solde du royaume de Calandôr. Que venait donc faire Calandôr dans cette histoire ? Et c'est là qu'il comprit, Linus l'avait bel et bien trahi en l'envoyant à la mort espérant sans doute qu'il soit tué pendant la tentative d'assassinat. Les deux autres traqueurs devaient être dans le coup, oui ça ne pouvait qu'être que ça. Linus avait protégé ses arrières et ceux de la meute en accusant un royaume de la tentative d'assassin, il pourrait profiter de cela pour créer une nouvelle guerre entre les deux royaumes.

Chaque jour pendant des semaines on le tortura pour qu'il avoue les faits que le général pensé déjà connaître. Mais il résista autant qu'il put, il ne pouvait pas dire qu'il faisait partie de la meute pour dénoncer Linus, la meute était sa famille, il ne pouvait la trahir. À ce moment-là, il ignorait que Linus avait été renversé et que Sin avait pris le pouvoir. Puis un jour, il céda, du moins en apparence. Il avait préparé ça pendant des jours. Après une séance de torture particulièrement douloureuse, il finit par avouer avoir été engagé par un noble de Calandôr dans le but d'assassin le général et ainsi affaiblir les défenses de la cité. Il inventa des détails que les humains se firent un plaisir de croire. Semblant satisfait à la fois des informations et d'avoir fait plier un lycan, Arion ne fut plus dérangé, plus aucune séance de torture, il allait juste rester enfermé jusqu'à la fin de la vie, qui pourrait encore durée des siècles.

Très affaiblit par la torture et par les conditions de détention, Arion n'avait pas la force de tentait une évasion, du moins pas tout de suite. Petit à petit, jour après jour, il commença à reprendre des forces, dormant quand il le pouvait, rationnant sa nourriture et faisant des exercices. Après un temps qui lui parut une éternité, l'heure était venue. Il profita d'un moment d'inattention d'un garde qui venait lui donner son repas pour lui subtiliser les clés de sa cellule. Puis il attendit la nuit, que la plupart des gardes étaient partis laissant les malheureux qui n'allaient pas revoir le jour.

Après le passage d'un garde devant sa cellule il en sortit, suivit ledit garde et le tua en lui tordant le cou et le traîna silencieusement jusqu'à sa cellule qu'il referma à clé. Il ouvrit toutes les cellules de la section où il se trouvait pour faire une diversion et pouvoir s'enfuir sans être remarqué. Comme il s'y attendait, les autres détenus, qui étaient particulièrement remontés contre les gardes pour les années à moisir ici, attaquèrent ces derniers et Arion put disparaître. Il se rendit jusqu'au toit de la prison qu'il pensait l'endroit le moins surveillé. Là, il ne vit pas un chat, les gardes en faction avaient dû être appelés en renfort pour mater la révolte. Il profita de la proximité d'un bâtiment et sauta sur son toit. Il réussit à descendre silencieusement et sans se faire voir avant de disparaître dans une ruelle sombre.

Dans les premiers jours qui suivirent sa fuite, il chercha d'abord à modifier son apparence, il commença par raser la longue barbe qui avait poussé durant sa détention et à raccourci ses cheveux. Ensuite, il chercha d'autre vêtement, qu'il déroba dans la maison d'un riche marchant, puis finalement chercha à s'équiper. Il acheta, avec l'argent également volé chez le marchand, un assortiment d'équipement allant des morceaux d'armure à diverses armes comme une arbalète et divers couteaux. Une fois capable de passer inaperçu, en se faisant passer pour un banal aventurier de passage, il chercha des informations sur la meute. Il apprit en écoutant les divers ragots qui circulaient, que le royaume d'Aranathdôr avait accueilli sur ses terres la meute de lycans. Trouvant cela étrange de la part de Linus d'avoir accepté une telle offre, il décida tout de même de suivre cette indication, jurant de se venger du traitre qui l'avait fait moisir dans cette prison durant deux longues années, et prit la direction du lieu où les lycans étaient soi-disant installés : les ruines d'Avalon.