Serilë Leolin |
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- Rang : C
- Race : Humaine devenue Lycan
- Age : Née en Espiar en l'An 3 344, j'ai officiellement 156 ans. En tant que lycan, je n'ai qu'une faible expérience de 132 ans.
- Royaume/faction : Née près de Sanctus, j'appartiens désormais aux Légions Phénix.
- Fonction(s) : Recueillis par les Légions Phénix, j'ai eu la chance de commencer une nouvelle vie. Je parcours aujourd'hui le monde dans l'espoir d'offrir cette chance aux plus démunis et comme il faut bien vivre, il m'arrive de commercer !
- Classe : Guerrière
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Équipement et Pouvoirs |
- Arme(s) : Bien que je les utilise très peu, je possède plusieurs armes.
Bien dissimulé dans ma demeure située dans le village des Légions Phénix, se trouve un long sabre à la lame courbe, fine et surtout terriblement affutée et à la garde patinée par des années d'utilisation. L'arme a un temps appartenu à mon père et a fait ses preuves.
Au même endroit, est dissimulée une longue hallebarde au bout de laquelle est fiché une épaisse lame rappelant celle de mon sabre. Le tranchant est découpé d'un crochet et lorsqu'elle empale une victime, celle-ci n'a que très peu de chance d'en réchapper. Elle est peu trop lourde pour moi, pourtant, je l'utilise avec plus de facilité que mon sabre.
C'est mon père qui m'a appris à user de ses armes, mais je n'aime pas les utiliser. Non seulement parce que je suis profondément pacifiste, mais aussi parce que ce ne sont pas mes armes de prédilection, même si je me débrouille plutôt pas mal avec !
En revanche, je porte toujours et en permanence sur moi, une paire d'éventails, fait de métal, les tiges dépassent de quelques centimètres de la toile les composant et sont aussi pointues qu'affutées. Je ne les sors de leur étui pendu à ma ceinture que lorsque je n'ai pas d'autre choix et les utilise aussi bien comme boucliers que comme armes de jet.
- Armure :
A part deux gardes poignets en cuir, je ne porte aucune armure.
- Objets spéciaux:
¤ Une chevalière en acier, gravé de l'ancien symbole lycan signifiant "pardon", dernier cadeau de Sin, je la porte en pendentif, contre mon coeur.
¤ Le pendentif représentant un Phénix, propre à chaque membre des Légions Phénix.
j'ai perdu le reste il y a bien longtemps.
- Caractéristiques raciales:
¤ Animorphie : ils peuvent se transformer en bête et voient leurs force et résistance décuplées. Cependant sous cette forme ils ne peuvent se battre qu'à mains nues (ou griffes) et lorsqu'ils reprennent leur forme humaine, ils n'ont plus de vêtements, ceux-ci ayant été déchirés.
¤ Régénération : un lycan peut faire repousser un de ses membres qui a été tranché.
¤ Sens bestiaux : un lycan a les 5 sens plus développés qu'un humain normal.
¤ Vulnérabilité : un lycan est très sensible aux armes en argent, ces dernières ont la particularité d'empêcher la régénération cellulaire de l'animal, cependant la vieillesse permettra au lycan de se régénérer face à ce type de blessure mais aussi rapidement qu'un humain subissant les mêmes blessures.
- Don(s) : (si vous en avez)
Je me suis découvert il y a longtemps la capacité de communiquer et ordonner aux plantes et végétaux de toute sortes. Aujourd'hui, ce don me sert pour vivre.
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Description physique
A quoi est-ce que je ressemble ? Ça vous intéresse tant que ça ? Par quoi commencer ?
Le plus visible certainement, mon corps et ses formes. Certains les trouveront agréables, d'autres sans intérêt, moi, je me contente de penser que s'il y a mieux que moi, il y a aussi pire. Je me fiche que l'on me trouve à son goût, je considère ne manquer de rien.
Je serais dans ce que l'on appelle la norme proportionnelle.
Pourtant, pour une Humaine, je reste petite. Gamine, ma petite taille m'a valu quelques railleries, mais aujourd'hui, je fais de cette différence une force. Je passe absolument partout et ça a un côté pratique non négligeable !
Fine et élancée, l'entraînement physique que je m'impose a développé finement mes muscles. Je ne manque pas de formes, je serais ce que l'on appelle une femme plantureuse, mais je n'en joue pas excessivement, je n'aime pas la vulgarité de certaines femmes bien formées se sentant obligées de se promener à moitié nue pour être sûre de se mettre en valeur. Je préfère de loin privilégier le confortable et le pratique, en prêtant tout de même une certaine attention à l'élégance. Sans passer mon temps à jouer de ma féminité, je ne la renie pas et ne la cache pas.
Mon visage fin, au menton capricieux encadre d'une mâchoire fine l'ourlet pulpeux de mes lèvres en cœur. Des pommettes hautes me donnent un air espiègle et enfantin, rapidement contrecarré par la ligne droite d'un nez aquilin et légèrement pointu et par un regard en amande teinté d'indigo et de bleu, surmonté de fins sourcils à la courbe aussi harmonieuse qu'expressive.
Ma peau nacrée me confère un teint de pêche velouté taché de quelques petits grains de beauté.
La seule chose véritablement remarquable chez moi est mon hétérochromie et la cicatrice barrant mon œil droit, depuis la joue jusque sur le front, coupant nettement mon sourcil. Vestige d'un passé enfouit, la cicatrice irrégulière, cause du bleu de mon œil à l'origine violet indigo, bien qu'étendue reste fine et discrète.
Il m'arrive pourtant très souvent de la dissimuler sous une mèche de mes cheveux que je porte longs.
Fin et lisses, l'épaisseur de ce que j'appelle ma crinière rousse, reste tout de même considérable. Lorsque je fais l'erreur de les laisser libres, leur indocilité me confère un air un peu sauvage, alors, je les porte presque toujours attachés, tressés le plus souvent. Depuis ma transformation, j'ai la désagréable impression que leur épaisseur à encore augmenté...Fort heureusement, je n'ai pas à me plaindre d'une forte pilosité, parce que pour la féminité, on repassera...
Oui, vous avez bien lu, je suis une rousse, une vraie. Mes cheveux ne sont pas de ce roux rouge criard ou de cet horrible et fade orange carotte, mais plutôt couleur de flammes.
Et c'est cette couleur flamboyante et donc, peu discrète, que prend mon pelage lorsque je me prend ma forme lupine. Sous cette forme, la seule chose qui reste de mon humanité est la couleur de mes yeux, oublié ma petite taille...même si je reste tout de même plus petite que la plupart de mes congénères !
La seule véritable trace de ma nouvelle ascendance, outre ma chevelure un peu trop abondante, sont mes ongles ressemblant aujourd'hui plus à des griffes, mais leur donner une apparence humaine, bien que cela soit contraignant, n'a rien de très compliqué.
Description psychologique
Parlez de soi est toujours quelque chose de compliqué. Vous ne me percevrez pas de la même façon que moi.
Sachez simplement que je considère posséder un fort caractère. Je ne suis pas de celle qui courbe l'échine facilement. Je sais ce que je vaux, je le revendique et ne laisse à personne l'occasion, ni d'en douter ni de remettre en cause mes capacités.
Je ne supporte pas que l'on me rabaisse sans réelle raison et surtout, à tord, je déteste que l'on me prenne de haut, que l'on se moque de moi et pire que tout, que l'on me manipule.
Je n'aurais pas la vantardise de prétendre que l'on ne peut pas m'imposer quoi que ce soit, de quelque manière que ce soit. Je ne suis pas un être exceptionnel et je peux me laisser avoir, comme les autres, je n'échappe pas aux êtres fourbes capables de manipuler les autres pour servir leurs propres intérêts. Seulement, lorsque je comprends qu'on ne voit en moi qu'un objet, ma réaction est rarement douce. Et pour couronner le tout, je suis très rancunière. Je trouverais toujours le moyen de me venger de ce qui feront l'erreur de me manipuler, me trahir ou me blesser, physiquement ou non...
Mystérieuse serait un bon adjectif pour me qualifier. Je ne suis pas quelqu'un de très ouvert, tant par timidité que par méfiance. Ayant très tôt appris que la trahison était le credo de beaucoup d'êtres vivants, je m'astreins à l'éviter le plus possible, certainement parce que je la crains terriblement.
Par conséquent, j'ai du mal à aller vers les autres. Amoureuse de l'objectivité, si je ne crains pas le jugement des autres, tout simplement parce qu'ils ne m’atteignent pas, je ne supporte pas que des inconnus se permettre de me toiser, me juger, sur leur seule idée, sans jamais chercher à en savoir plus.
En conséquence, je m'astreins à ne jamais porter de jugements attifes. Je trouve cela profondément injuste, après tout, des autres, je ne connais rien, ni leur histoires, ni leur profond ressentis. Tant de choses m'échappent sur les autres, quel droit ais-je de les juger sans savoir ?
Déterminée serait un autre adjectif approprié pour me décrire. Je suis du genre à savoir ce que je veux et parfois, cela entraine chez moi une certaine impulsivité. Lorsque je veux quelque chose, je me donne les moyens de l'atteindre, mais il m'arrive parfois d'oublier que tout acte à une conséquence.
Mais il est à noter que je possède tout de même un certain sens de l'honneur, c'est pour cette raison que je ne pousserais jamais aucun de mes actes au-delà du raisonnable. Profondément respectueuse de la vie, je refuse de jouer avec.
Si par malheur, il devait m'arriver de dépasser les limites que fixe la raison et la justice du vivant, alors, je donnerais tout pour réparer mes fautes et préserver mon honneur.
J'ai tout de même une limite, mon honneur compte moins que ma propre vie, j'ai conscience de sa valeur pour mes proche et tiens à la préserver. J'ai finis par apprendre à préserver ma vie sans jamais entacher de trop mon honneur et mon égo.
Combative serait également bienvenu pour me qualifier. Éternelle optimiste, je vois toujours le verre à moitié plein et refuse toujours de baisser les bras. Il y a toujours de l'espoir, tel est mon crédo.
Mais je ne suis pas folle pour autant et lorsque la fuite et la seule solution, je n'hésite pas, surtout lorsqu'elle permet de préserver des vies.
Je ne me qualifierais pas comme généreuse ou égoïste, j'agis selon les désidératas de mon cœur.
Évidemment, de par mon passé, les pauvres, les marginaux, les laissés pour compte me touchent plus que les autres. L'arrogance, l’hypocrisie et la méchanceté gratuite m'agacent profondément. Forcément, j'aurais tendance à toujours me tourner vers une classe sociale humble que vers la noblesse.
Un peu utopiste, j'aimerais que l'égalité entre les peuples soit de mise dans notre monde et m'astreins à combler tout les manques que je rencontre sur ma route. Tant qu'un être n'est pas un fervent serviteur des ombres, il est pour moi égale à un autre. Quel que soit son sexe, son age, ses origines ou même sa race.
Certains diront que je suis courageuse.
Je dirais simplement que je ne crains pas la peur, je sais qu'elle m'aide à avancer.
Si l'on résume, je suis une forte tête profondément optimiste, un peu naïve, très utopiste, éprise d'objectivité et de liberté aussi...certainement. Je cultive le mystère, par timidité, je ne me confie pas facilement, déterminée, je me fixe des limites pour ne pas entacher mon honneur. Mais pas complètement folle, je lui préfère ma vie et sais prendre la fuite quand c'est nécessaire. Respectueuse de la vie, j'ai un peu de mal à accepter ma nature, mais n'ayant pas vraiment d'autre choix, je m'en accommode et tente d'en tirer le plus de profit possible en limitant la casse au maximum.
Je crois qu'on a fait le tour !
Ah oui, dernière chose, importante. Je ne suis pas de ceux qui tiennent à se faire des amis à chaque nouvelle tête. Mieux vaut être seule que mal accompagné dit-on. Mais, ceux que je considère comme des amis, me sont précieux au point que je serais pour eux, capable du pire comme du meilleur. Pour eux, ma vie et mon honneur ne compte plus si les leurs sont dans la balance.
Avec eux, je peux me montrer excessivement possessive et sur protectrice...L'instinct de meute, peut-être...
D'aucun me trouveront paradoxale, ils n'auront certainement pas tord, après tout, j'aime aider les nécessiteux, mais je ne m'ouvre pas facilement au monde. Je refuse d'abandonner un combat, quelle que soit sa nature, mais suis prête à tout pour préserver la vie... Et si c'était ma seule contradiction.
Peut-on aimer et détester à la fois un seul être ?
Histoire
Prologue
« Deux jours de travail. J'avais rarement vu une femme autant souffrir en donnant la vie et le fait qu'il s'agisse de ma propre fille ne faisait que renforcer mon impression d'impuissance. Tout ce que je pouvais faire, c'était éponger son front et la soutenir au mieux dans cet épreuve. Bientôt, tout cela ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Bientôt, elle pourrait bercer son enfant, en espérant qu'il survive lui aussi.
Cet enfant, tout comme sa mère n'aurait rien à voir avec son ascendance, mais je ne pouvais m'empêcher d'être inquiète. Et si la malédiction poursuivait mes petits enfants ? Était-ce seulement possible ? Nous serions vite fixé, mais je me félicitais d'avoir pu évincer la belle-mère de ma fille et être la seule à l'assister lors de son accouchement. J'avais bien trop de crainte, infondées ou non, je préférais ne prendre aucun risque. Tant pour la santé de ma fille que pour l'avenir de l'enfant et de toute sa famille au sein de notre village peuplé d'humain ignorant tout du monde les entourant.
Cet enfant devrait lui aussi grandir dans cette ignorance. J'aurais moi même préféré ne jamais avoir réellement conscience de la grandeur et la dangerosité de notre monde. Mais si il était trop tard pour moi, il était encore tant pour ma famille. Je les protégerais, je m'en étais fait la promesse lorsque j'avais pris la décision de renouer avec mes racines, après des années d'éloignement.
Mais en attendant l'enfant, j'avais peur. Peur de ne pouvoir tenir ma promesse, car face à la malédiction divine qui touchait son grand-père, j'étais impuissante et je n'en connaissais pas les limites. Pourtant, mes craintes étaient infondées et j'en eu la conviction lorsque l'enfant, une fille, vint enfin au monde.
Mais les douleurs de sa mère ne cessèrent pas et j'eus de nouveau très peur. Pour la vie de ma fille et de nouveau pour son avenir. Elle me supplia de mettre fin à ses souffrances, mais je ne pouvais rien faire de plus que continuer d'éponger son front … Des jumeaux. Jamais je n'aurais pu imaginer qu'elle attendait des jumeaux, c'était un don si rare. Seulement, un enfant coûtait cher, alors deux... De plus, lorsque la seconde petite fille découvrit le jour, elle ne pleura ni ne cria. Elle était en vie, mais terriblement faible, comme sa mère. Alors que sa sœur, elle, était en pleine forme.
De nouveau, je me sentis terriblement impuissante mais je dus prendre une décision. Et je dus la prendre rapidement. Alors, je posais la première naît sur la poitrine de sa mère, les rassurant l'une comme l'autre.
La seconde, je la déclarais morte. Oh, elle ne l'était pas encore, mais elle ne vivrait pas bien longtemps. Je me sentais terriblement monstrueuse et ce fut certainement la pire décision de ma vie, mais si je laissais sa mère décider, elle se ruinerait en tentant inutilement de sauvé une enfant malheureusement condamné à la naissance.
J'enveloppais l'enfant dans un linge chaud et promis à sa mère de l'enterrer dignement. Je lui promis également de ne pas dire un mot au père. Personne ne me vit ce jour là, comme personne ne m'avait vu quitter le village des années auparavant. Je m'enfonçais sans hésitation dans les bois, pleurant à chaude larme.
J'étais décidément un être abdominale, mais au fond de moi, j'avais l'espoir qu'un miracle ne vienne sauver cet enfant. J'avais l'espoir qu'Il était là, quelque part, surveillant sa progéniture, toute humaine soit-elle et quand je déposais l'enfant toujours silencieuse entre les racines d'un chêne centenaire, je priais pour ne pas avoir tord.
Je ne me retournais qu'une seule et unique fois après avoir déposé l'enfant et je jurerais avoir croisé l'améthyste de Ses yeux. Peut-être aurait-elle une chance... Peut-être …»
Extrait du journal de Sirisa Jigil, 15 Espiran 3 344.
Chapitre 1 : Naissance.
J'ai vu le jour en l'An 3 344, dans un petit village en lisière de forêt, à quelques kilomètres de Sanctus. A cette époque, la Paix régnait sur Valhistar. Les guerres n'étaient plus qu'un lointain souvenir et pour certains même, des légendes. L’Histoire de notre monde, ses créatures magiques et fantastiques et ses drames étaient presque devenus, pour les miens, des mythes.
J'ai eu la chance de naître sur les terres les plus prospères de mon époque, elles le sont encore aujourd'hui.
J'étais une enfant désirée, le fruit d'un véritable amour. Et même si je vis le jour trop tôt dans la vie de mes parents, Lanïa et Edrik Leolin, ils m'aimèrent de toutes leurs forces. Au moins autant, sinon plus qu'ils s'aimaient l'un l'autre.
Lorsque je vis le jour, ma mère entrait dans sa vingt-cinquième années et mon père fêtait, à quelques jours prés, son vingt-septième anniversaire. Tout deux n'avaient connu ni les Guerres, ni même les Dieux, mais ils n'en restaient pas moins pieux. Ils vénéraient le couple créateur de notre monde. Peut-être se retrouvaient-ils d'une certaine façon en eux.
Mon père était un Compagnon, pas parmi les plus illustres, mais son sens de l'honneur et de la justice étaient assez développés pour en faire un soldat respecté de son ordre.
Lorsque je vins au monde, il était absent. Mes parents se connaissaient depuis toujours, nés dans le même village, celui où je naquis, ils avaient grandi ensemble et avaient rapidement été promis l'un à l'autre.
La famille étant pour eux d'une importance primordiale, ils décidèrent de s'établir dans leur village d'origine, près de leur propres parents et de leurs amis de toujours.
Mais mon père, épris de justice, avait voulu lui prêter son bras et avait intégré, après des années de dur labeur et d’entraînement, la guilde des Compagnons. En conséquence, il était obligé de passer le plus clair de son temps soit à Cordis, au siège de la guilde, soit en mission sur les terres d'Aquasca dont il n'a jamais eu l'occasion de passer les frontières. Pas plus que ma mère d'ailleurs. A une époque, mes parents songèrent à déménager. Si cette décision leur coûtait, leur séparation leur était plus intolérable encore, mais c'est à cette époque que ma mère tomba enceinte et il devint clair pour mes parents qu'ils ne pourraient pas assumer une vie à la capitale et un enfant.
Ils durent donc se résoudre et ma mère resta dans notre demeure alors que mon père quittait régulièrement notre foyer.
Ce fut donc ma grand-mère maternelle, Sirisa, qui aida ma mère à accoucher. Et ce jour-là fut le seul où la simple idée de donner la vie fut insupportable à ma mère. Je mis presque deux jours à naître et la souffrance que j'infligeais à ma génitrice était presque intolérable. Mais elle ne m'en garda pas rancune et je suis certaine de me souvenir encore du premier regard qu'elle posa sur moi.
Débordant d'amour.
Ma naissance aurait du me condamner à être fille unique, mais il n'en fut rien. Un an après ma naissance, ma mère donna naissance à des jumeaux, pour une femme stérile, c'était un record ! Ma mère c'était toujours amusé de cette situation. De cette époque, je ne garde que de bons souvenirs. Ma mère était très présente pour mes deux frères et moi et je ne pouvais que l'imiter. Jamais je ne montrais le moindre signe de jalousie envers mes cadets, bien au contraire, je développais très vite, imitant ma mère et ma grand-mère, un instinct de protection.
Mon père était souvent absent, mais je ne lui en garde aucune rancune, non seulement parce qu'il se rattrapa bien vite, mais aussi parce qu'à chacune de ses apparitions, il n'avait d'yeux que pour ses enfants.
Je me souviens encore de la façon dont il me hissait sur ses genoux le soir pour me raconter le monde, ou ce qu'il en voyait. Aujourd'hui, je sais que sa vision était très restreinte, mais ses histoires résonnent encore à mes oreilles comme les plus belles qu'il m'ait été donné d'entendre. Je me souviens de la façon dont il jouait avec mes frères, déjà très belliqueux.
Je me souviens de chacun des ses enseignements, ceux qu'il nous prodiguait en nous bordant le soir pour disparaître au petit matin.
Bien sûre, notre vie n'était pas toujours rose, nous manquions parfois de nourriture, ou de vêtements. Mais nous avions un toit, une famille et des amis. C'est à cette époque que j'appris le vrai sens du mot : solidarité et c'est aussi à ce moment-là que mon optimisme et ma naïveté prirent le pas sur ma personnalité.
Pour moi, le monde, qui, à cette époque, se limitait à mon village, était beau. Même si nous n'avions pas grand chose, nous partagions tout et ce, même avec les quelques inconnus passant par chez nous. Nous ne laissions jamais tomber personne, nous nous relayions au chevet des malades, nous battions pour les soigner et pour moi, rien n'était plus merveilleux que cet esprit de groupe et se soutiens sans faille.
Je devais avoir une dizaine d'année lorsque ma vie changea. En bien et se serait certainement la seule fois.
Mon père revint définitivement à la maison. Contraint et forcé. Blessé au champ d'honneur, alors qu'il luttait contre une faction d'orcs qui était pour moi, à l'époque, les pires des monstres, avait failli perdre la vie. Il revint à la maison blessé, amputé d'une main, l'égo bien amoché, mais en vie et c'était tout ce qui comptait.
Et même si j'étais heureuse de voir mon père tous les jours, lui eut de mal à se faire à sa nouvelle vie et à son handicap. L’adaptation fut longue, mais même dans les pires moments, aucun d'entre nous ne le laissa tomber et petit à petit il put reprendre une vie normale et nous aimer de nouveau comme avant.
La solidarité avait encore fait des miracles, renforçant encore mon optimisme naturel.
Mais comme chacun sait, le bonheur n'a rien d'éternel et je l'appris le jour de mes quinze ans.
Alors que le bonheur nous ouvrait les bras, les drames s'enchainèrent.
Chapitre 2 : La Chute.
Notre vie était vraiment parfaite, peut-être un peu trop au goût du ,..destin, fatalité, appelez donc cela comme bon vous semblera.
Lorsque j'eus quinze ans, quelques jours avant que mon père ne fête son propre anniversaire, son père à lui tomba gravement malade.
Et malgré la solidarité dont il fit l'objet, malgré l'acharnement et les prières de tous les villageois, le mal l'emporta en une semaine, alors que la terre commençait juste à dégeler, NeoDum n'était qu'à quelques jours mais mon grand-père ne put célébrer Valminia, comme il l'avait toujours fait. Il lui avait pourtant toujours adressé ses prières...
Toute la famille eut à souffrir de cette perte et c'est à cette époque là que j'intégrais une douloureuse leçon. La vie n'est pas éternelle et la mort est son aboutissement, personne ne peut y échapper, à quelques exceptions prêt, j'en suis à présent bien consciente. Mais j'avais beau tenter de me dire que mon grand-père avait bien vécu, je ne pouvais m'empêcher d'en vouloir au monde entier de ne pas lui avoir accordé encore quelques années.
Et comme un drame n'arrive jamais seul, ma grand-mère fut incapable de survivre bien longtemps à son époux. Elle le rejoignit dans l'autre monde deux mois à peine après sa disparition, refusant que même la mort les sépare.
Aucune maladie, aucune arme, ma grand-mère n'attenta à sa vie en aucune façon, elle se laissa simplement mourir. Malgré tout notre soutien, sa peine était trop grande, son temps dans ce monde révolu, nous n'avions plus besoin d'elle, du moins, le pensait-elle et elle, elle avait besoin de son époux. Jamais ils n'avaient été séparés. Alors, un soir, elle se coucha, décidée à ne pas se réveiller.
Au matin, personne ne fut surpris de la trouver sans vie dans son lit et encore aujourd'hui, je me console en imaginant qu'elle est partie en rêvant de son grand amour...Si je pouvais éviter de rêver du mien, je ferais peut-être moins de cauchemars...
La double perte fut rude, tant pour la famille que pour le village, mes grands-parents paternels faisaient partie des plus vieux habitants et le vide qu'ils laissèrent ne s'estompa pas facilement. Pourtant, nous dûmes reprendre nos vies et moi, je dus intégrer cette nouvelle notion de mort. Ce ne fut pas facile. Longtemps, j'eus du mal à trouver le sommeille, j'en devins paranoïaque et mon instinct de protection se développa encore un peu plus.
Pendant presque un an, je laissais la peur me dominer, voyant le mal partout, tout était pour moi dangereux et je vivais dans cette nouvelle peur constante de perdre un être cher. Sans la présence de mes frères et le réconfort que m'apporta ma grand-mère maternelle, je serais certainement resté une peureuse toute ma vie. Mais la vieille femme réussit à adoucir la vision que j'avais de la mort. Me parlant d'un monde meilleur, m'assurant que la mort n'était pas une finalité, usant de ce ton si doux et plein de nostalgie que je lui avait toujours connu, et mon optimisme naturel fit la suite.
Mes frères, si belliqueux et casse cou me prouvèrent que la vie devait être pleinement vécu pour être intéressante et le monde se remit à tourner.
Jusqu'à ce que j’atteigne l'âge de mes dix-sept ans. Ma quiétude retrouvée, je me prêtais de nouveau au bonheur et de nouveau, il me fut arraché. De la manière la plus brutal qui soit.
Je n'oublierais jamais.
En ce troisième jour de Maliajna, alors que tout le village organisait les festivités, trois inconnus, trois hommes, tous Humains, quémandèrent notre hospitalité et le chef de notre village ne la leur refusa pas. Après tout, c'était la fête !
Pourtant, je pus sentir sa réserve, alors que je l'observais converser de loin avec les inconnus. Nous étions des gens hospitaliers, presque autant que les Nains, mais quelque chose chez ses trois hommes semblait mettre les miens mal à l'aise.
Personne, pas même mon père, alors qu'il m'enseignait les rudiments du combat, m'apprenant à user d'un sabre, d'une hallebarde, et de toute sorte d'arme de jet, mais aussi de mon corps, pour me défendre, ne m'appris jamais à toujours me méfier des autres.
C'est une leçon que je dus apprendre à mes dépends et c'est peut-être le seul reproche que je ferais à mon père.
Au quatrième jour de Maliajna, ma mère m'accompagna à l'orée de la forêt pour ramasser du bois, nous avions l'intention de faire bruler un grand feu pour pouvoir faire la fête toute la nuit.
Attentive à ne pas nous enfoncer trop loin dans les bois toutes seules, nous restions proche l'une de l'autre, échangeant comme nous en avions l'habitude de le faire. A cette époque, l'un des garçons de notre village, Gabriel, avec qui j'avais grandi ne restait visiblement pas insensible à mes charmes naissant et ma mère s'en amusait.
Je ne pouvais pas nier qu'il était beau garçon, gentil et attentionné avec ça. Bref, il ne me déplaisait pas et ce détail n'échappa ni à mes frères, ni à mon père et surtout pas à ma mère. Nous plaisantions...enfin elle surtout, à propos de mon avenir amoureux lorsqu'une tension que je ne pus identifier immédiatement, tomba sur nous. Sortis de nulle part, ou presque, les inconnus semblaient venir vers nous. Ma mère avait cessé de rire et c'était rapprochée de moi qui, naïve, ne comprenais pas son agitation.
Les hommes, Jeris, Zayld et Thali, trois noms que je n'oublierais jamais, semblaient pourtant gentils et prévenants... Un peu trop et je n'eus aucun mal à comprendre où ils voulaient en venir lorsqu'ils nous adressèrent la parole. Ma mère m'offrit aussitôt un rempart de son corps, mais ce fut bien inutile.
Je me souviens qu'elle usa d'un bout de bois sec et mort pour nous défendre et lorsque Jeris, le plus imposant du groupe, avançant la main pour se saisir d'elle, elle lui fracassa le morceau de bois sur la tête.
"COURS !!" Ce mot, emplit de peur et de désespoir résonne encore à mes oreilles.
J'hésitais à m’exécuter, mais ma mère réitéra son ordre et je ne pus que lui obéir. Je pris mes jambes à mon cou, espérant pouvoir atteindre le village pourtant si proche.
Je courrais à en perdre haleine, me prenant les pieds dans des branches mortes, des racines indociles et même dans les plis de ma propre jupe, la peur au ventre, je n'osais regarder en arrière.
J'étais suivie, je le savais, je le sentais, pourtant, je continuais, jusqu'à ce qu'un coup porté aux reins ne me fasse chuter. Je me souviens encore de la douleur qui irradia de mon dos jusque dans ma tête quand celle-ci heurta le sol.
Je n'eus pas le temps de me relever, même pas celui de ramper que Zayld, le premier à m'avoir rattrapé, me saisit par les cheveux pour me remettre sur mes jambes et me trainer jusqu'à l'endroit où ma mère était restée.
Jeris n'avait pas mis longtemps à se remettre du coup qu'elle lui avait porté et à en croire le souffle court et le visage tuméfié de ma mère, il c'était vengé.
J'entends encore, dans mes cauchemars, leurs rires gras, leur blagues douteuses. Je revois encore les vêtements de ma mère arrachés, je ressens encore la douleur infligée par mes trois agresseurs. Les uns après les autres, il profitèrent autant de la féminité de ma mère que de la mienne et plusieurs fois, je cru mourir tant la douleur était insupportable...Je sais aujourd'hui que je peux en supporter de plus grande, mais cette douleur là ne fut pas que physique.
Je ne sus jamais vraiment à quoi je dus mon salut, les hurlements combinés de ma mère et moi. Le hasard d'un passant ? Sur le moment, je n'en avais pas grand chose à faire.
Ma mère se montrait bien plus indocile que moi et ses hurlements n'étaient pas provoqués que par la douleur. Moi, j'étais trop choquée pour penser à me défendre. Jamais je n'aurais imaginé les humains capables de telles bassesses.
Jusqu'au bout, elle ne pensa qu'à moi, je crois me souvenir qu'elle m'a plusieurs fois appelée, il me semble qu'une ou deux fois, elle réussit à asséner un coup ou deux à son agresseur du moment. Mais lorsque ses derniers furent lassés de son manque de coopération, ils n’hésitèrent pas à frapper plus fort...trop fort et les renforts arrivèrent trop tard.
Les souvenirs sont flous, j'étais alors au bord de l'inconscience. Je me souviens juste m'être sentie libéré d'un poids, je me souviens des cris de rage de plusieurs hommes, je me souviens avoir reconnu la voix de mon père et avoir repris espoir, je me souviens de bras réconfortants, de paroles douces, plus tard, j'appris que Gabriel avait fait partie de mes sauveurs et alors que je me remettais difficilement, il s'occupa de moi avec une attention et une douceur que je n'oublierais jamais.
Je restais inconsciente presque deux jours complets et à mon réveil, j'appris que les trois hommes étaient morts. Aucun des villageois n'avaient cru bon de livrer les criminels à la justice du Roi. Ils les avaient tués sans autre forme de procès et fait disparaitre leur corps et jamais plus aucun villageois de ne les évoqua. Ce fut comme s'ils n'avaient jamais existé.
Mais j'appris également que ma mère n'avait pas survécut à ses blessures, les villageois venus à notre rescousse n'avaient pu sauver que ma vie.
Je mis de longs mois à me remettre de mes blessures physique, je garde comme souvenir de cet épisode une fine cicatrice irrégulière coupant mon sourcil en deux et courant de mon front jusqu'à ma joue, mon oeil alors violet parme, couleur que je tenais de ma mère, comme à peu prés tout le reste de mon physique... se teinta de bleu. Je ne me remettrais certainement jamais des blessures psychologique. Aujourd'hui encore, le contact d'un homme m'effraie, à une exception près...
Longtemps après l'agression, je refusais tout contact, même celui de mon père, même celui de ma grand-mère maternelle, je me sentais profondément salie, meurtrie à cette époque, j'aurais préféré mourir. De plus, l'idée de vivre sans ma mère était intolérable.
Pourtant, petit à petit, aidé de ma famille, mes frères surtout, ma grand-mère aussi et de Gabriel, je remontais la pente jusqu'à ce que cette expérience devienne un mauvais souvenir et une leçon à retenir.
En revanche, rien ne put jamais atténuer la douleur créer par la mort de ma mère. Je me sentais responsable et voir mon père peiner à vivre sans elle ne faisait que renforcer mon sentiment de culpabilité. Je lui avais arraché la femme de sa vie et j'avais privé mes frères de l'amour maternelle, alors, dés que je fus en état de penser, dés que je pus sortir sans sursauter aux moindres bruits, je décidais de tout faire pour combler au maximum le vide laissé par ma mère et assumer des responsabilités qu'elle ne pouvait plus prendre.
Peu à peu, je parvins à reprendre gout à la vie. Pour mon père, pour mes frères, pour Gabriel aussi et surtout pour ma mère. Je tenais à honorer sa mémoire.
C'est à cette époque là que je décidais que plus personne ne pourrait me piétiner comme l'avait fait ces trois hommes. Plus jamais je ne me fierais à des inconnus, plus jamais je ne me laisserais défier, plus jamais on ne pourrait m'écraser, physiquement ou moralement et plus jamais personne ne souillerait mon honneur.
Chapitre 3 : La Rencontre
Finalement capable de reprendre une vie normale, j'assumais sans trop de mal et surtout sans me plaindre, je n'en avais pas le droit, mon rôle de mère de famille...Enfin, d’aînée surtout ! Au fils des années, ma relation avec Gabriel évolua. A l'époque, j'aurais pu dire que je l'aimais, je sais aujourd'hui que c'est faux. Je l'appréciais, tout au plus, mais l'amour, je l'ai compris, c'est autre chose...Tout autre chose.
Ce n'est pas qu'un sentiment magnifique, c'est le plus pernicieux qui soit, oscillant sans cesse entre bonheur absolu et désespoir total, capable de nous mener aux portes d'une haine si grande qu'on ne peut en imaginer les limites.
Mais à l'époque, je pensais sincèrement l'aimer, mais notre relation ne put jamais réellement évoluer.
Pour deux raisons. La première était mon aversion toujours vivace pour le contact, en particulier le contact masculin. La seconde avait de longs cheveux gris et d'incroyable yeux cuivrés.
J'avais 22 ans depuis 8 mois lorsque ma route croisa la sienne. Je n'avais pas pour habitude de m'éloigner du village, certaines peurs ont la vie dure, au moins autant que les habitudes, quant à me rendre dans la forêt, c'était pour moins impensable, inimaginable. Pourtant, je dus me résoudre et accompagner de mes frères, gagner, à pieds, le village voisin. Conduisant par la bride un imposant cheval de trait censé nous aider à ramener ce que nous allions chercher, à savoir, quelques vivres et surtout des médicaments. Une épidémie c'était déclarée au village, une de grippe sans gravité, mais le froid tombant rapidement entraîna la maladie, promettant une rude saison froide.
Jamais voyage ne me parut plus long, pourtant, il ne dura que deux petits jours et mes frères et moi pûmes repartir du village voisin au notre avec tout le nécessaire. Sur le chemin du retour, nous dûmes nous arrêter une fois pour passer la nuit à la belle étoile. Cette nuit la fut la plus terrifiante de toute ma vie. Non pas que je n'avais pas l'habitude, mais lorsque nous nous couchâmes, il était clair qu'un combat acharné faisait rage et tout près. Nous nous étions cachés du mieux que nous avions pu et instauré des tours de garde pour garder le feu allumé toute la nuit, priant pour que les flammes suffisent à faire fuir les bêtes sauvages et visiblement enragées des alentours.
Je ne compris que plus tard que nous n'avions pas eu à faire à des bêtes sauvages, mais je ne sus jamais réellement ce qu'il c'était passé cette nuit là.
Repartant au petit matin, laissant le moins de traces possible, pas très rassurés, nous ne pûmes faire qu'une dizaine de kilomètres à peine avant d'être forcés à l'arrêt.
Sur le bas côté du chemin que nous suivions, gisait un homme. Grand, très très grand, surtout pour moi qui était relativement petite. Même allongé au sol, il était imposant et surtout très intimidant. Même inconscient, il émanait de lui une sauvagerie effrayante.
Mes frères, certainement peu rassuré par l'allure de cet homme, couvert de sang qui plus est, voulurent l'ignorer. La dernière fois que nous avions porté assistance à des étrangers, ces derniers m'avaient violé et avaient tué ma mère. Nous étions donc à présent très enclin à nous méfier et beaucoup moins hospitaliers.
Pourtant, malgré les craintes de mes frères, je ne ressentais aucune peur. Et puis, il ne s'agissait plus d'offrir le gite et le couvert -et plus si affinité, partagée ou non -, mais bel et bien de sauver une vie. Et sous cet air étrangement sauvage, sous le sang à peine séché maculant son visage, la finesse et l'élégance des traits de cet homme me fascinaient.
Il était beau tout simplement, certainement plus que la plupart des hommes que j'avais pus croiser dans ma courte existence.
Convaincre mes frères ne fut pas chose aisée, mais, une fois que j'eus prodigué les premiers soins, pansé les plaies qui semblaient les plus graves, mes frères acceptèrent, de mauvaise grâce, de confectionner un brancard de fortune qu'ils attelèrent à notre monture après y avoir installé l'étranger, passablement agité dans son sommeille.
J'avais pris la décision de sauver cet homme et en assumais la responsabilité sans la moindre crainte.
Stupidité ou instinct ? Je crois que je préfère ne pas avoir la réponse...
Mon père, malade, comme la plupart des habitants du villages, ne fut pas ravi de nous voir revenir avec un parfait étranger aux allures si sauvages, le sang dont il était maculé n'arrangeait pas vraiment les choses.
Ma grand-mère, elle, eut un comportement étrange. Si elle ne semblait pas avoir peur de l'étranger, il était évident qu'elle s'en méfiait et m'incita plus d'une fois à la prudence.
"Ne te laisse pas berner ..." m'avait-elle répété plusieurs fois.
Savait-elle ? Je crois que je ne le saurais jamais. En elle, je pensais trouver un soutiens, elle avait toujours été la pour moi, même lorsqu'elle avait perdu sa fille, elle avait pensé à ma santé avant de penser à sa douleur. Mais cette fois ci, elle garda ses distances sans m'expliuer pourquoi elle me refusais son aide.
Malgré le désaccord de ma famille entière, j'insistais pour soigner l'inconnu et comme il n'y avait plus de place dans notre petite maison, je décidais de l'installer dans ma chambre. Ma famille ne serait pas obligé de le voir et moi, je refusais de laisser mourir un étranger.
Il pouvait être le pire des hommes, ou au contraire un saint, tant que je n'en savais rien, il était surtout un homme dans le besoin, une vie en danger et je respectais trop la vie pour ne pas tenter de la préserver dés que l'occasion s'en présentait.
L'étranger ne fut pas long à s'éveiller, à peine quelques heures après notre retour, il ouvrait les yeux et je compris tout de suite que sa situation ne lui plaisait pas. Il agissait comme une bête acculé et le regard qu'il posa sur moi me donna des frissons.
L'espace de quelques secondes, je regrettais mon geste, persuadée qu'il allait me tuer sans que j'ai eu le temps d'ouvrir la bouche.
Mais il ne se passa rien. Il se contenta de me dévisager un long moment et sur ses traits passèrent d'abord l'incompréhension et puis la surprise.
Sa sauvagerie était encore plus visible alors qu'il était réveillé. Et pourtant, je n'avais toujours pas peur.
"Je m'appelle Serilë. Vous êtes chez moi, mes frères et moi vous avons trouvé agonisant à quelques kilomètres de notre villages."Ces mots furent les premiers que je lui adressais et je ne sais toujours pas si je les regrette ou pas.
Pour toute réponse, l'étranger se contenta de détourner les yeux, serrant les mâchoires, l'air visiblement contrarié, je préférais ne pas poser trop de question, de peur d'être indiscrète. Je le sentais à bout de nerfs et je ne voulais pas créer de catastrophe.
"Vous ne risquez rien ici, personne ne vous fera de mal."Je ne sais pas pourquoi, mais sur le coup, cette précision m'avait parut indispensable. Pourtant, il ne semblait pas convaincu. Et lorsque j'évoquais le mal qu'on ne lui ferait pas, le regard qu'il posa sur moi me tira un nouveau frison. Son sourire, le seul qu'il m'adressa, fut emprunt d'un mépris tel que je n'en avais jamais connu.
Lui, il n'hésiterait pas à m'en faire dés que l'occasion s'en présenterait. A cette époque, je ne dus ma survie qu'à sa faiblesse.
Le soigner ne fut pas une mince affaire. Au début, j'imaginais stupidement lui faire peur... Je n'avais pas de miroir sous la main pour me rappeler à l'ordre. Quoi que notre différence de taille aurait du me suffire !
Je compris plus tard qu'il rongeait simplement son frein, rêvant de me tuer pour avoir ensuite l'occasion de décimer tout le village.
Seul sa solitude l'empêcha de nous massacrer et peut-être, ma prévenance ? J'aime le croire, même si il ne l'avouera jamais.
Pour apprendre son nom, je dus insister des heures durant, arguant que l'appeler "Machin", "Truc", "Bidule" ou "Chouet", ne serait marrant pour personne. D'accord...j'aurais pu l'appeler "monsieur", mais je voulais connaître son nom.
Sin...
La réponse fut brève et ce fut l'une des rares fois ou j'entendis le son de sa voix alors qu'il séjournait chez moi.
Sa convalescence dura bien moins de temps que prévu. et plusieurs fois, je cru apercevoir ma grand mère nous observant, mais je ne pus jamais le confirmer, bien que sa présence plane plus que jamais dans notre maison...
Après deux jours alité, Sin put se lever, alors que ses jambes avaient beaucoup souffert, il ne restait presque plus rien de ses blessures.
J'aurais du m'en inquiéter. Évidemment, je n'étais pas assez bête pour ne pas comprendre que sa guérison accélérée faisait de lui autre chose qu'un Humain, mais en réalité, je m'en fichais. Pour moi, sa nature ne faisait pas de lui un être mauvais et puisqu'il ne m'avait pas fait de mal... Pas encore ?
Je me souviens que Gabriel n'avait pas du tout apprécié la présence de Sin et l'unique confrontation entre les deux hommes fut pour le moins épique. Gabriel ne dut sa survie qu'à l'état de faiblesse encore avancé de Sin et visiblement à mes soins.
Épargner Gabriel alors que celui-ci était entrée chez moi, inquiété par la présence de Sin, fut sa façon de me remercier.
Les deux hommes se croisèrent alors que Gabriel prenait tout droit la direction de ma chambre après avoir salué mon père, se remettant juste, et l'un de mes frères. Sin lui, commençait juste à pouvoir tenir sur ses jambes et avait croisé la route de Gabriel dans le couloir menant à ma chambre.
La réaction de Gabriel ne se fit pas attendre et il manifesta clairement son mécontentement. La façon dont il s'appropria ma personne, persuadé qu'un jour, je lui appartiendrais ne me plus pas et je ne réagis pas immédiatement lorsque Sin le saisit par le collet, manquant de l'étrangler.
Je me souviens m'être pendu à son bras, espérant sottement le faire lâcher prise.
"Je le laisse vivre...parce que tu m'a aidé."Ce fut la seule phrase complète que m'adressa Sin alors qu'il lâchait Gabriel, qui s'écrasa plutôt lamentablement au sol, me tirant un soupir...Je devais l'aider, après tout, il l'avait fait pour moi !
Puis, à peine quatre jours après son réveil, le lendemain de la visite de mon prétendant, Sin disparut, purement et simplement, me laissant un étrange sentiment de vide. Ma relation avec Gabriel ne fut plus jamais la même après ça. Sin occupait tout mes pensées. J'aurais voulu pouvoir apprendre à le connaitre, savoir ce qu'il était, comprendre ce qui motivait la haine brulant dans ses yeux et surtout, savoir pourquoi il n'avait jamais levé la main sur moi...
"Oublie le ma fille... Crois-moi, ça vaut bien mieux pour toi, il ne t'apporterait rien de bon..."Malgré les paroles avisées de ma grand mère, je fus incapable d'oublier Sin.
Chapitre 4 : Transformation.
L'année qui suivit fut ponctué par le décès brutal de ma grand-mère maternelle. Un mal inconnu l'emporta en quelques jours et j'ai toujours du mal à saisir le sens des dernières paroles qu'elle m'offrit, à moi qui fut la dernière à la voir en vie.
Toute la nuit qui devança son décès, je restais à son chevet, tentant de faire baisser sa fièvre, écoutant ses délires en essayant de la rassurer. Ce fut la seule et unique fois où j’entendis parler de mon grand père. Je ne l'avais jamais connu... Personne au village ne l'avais jamais connu. Ma grand mère avait disparu un jour, comme ça, sans prévenir et puis, elle était réapparut, presque deux ans plus tard, ma mère encore bébé dans les bras. Personne n'avait posé de question, elle n'y aurait pas répondu et elle avait repris sa place au village, comme si de rien n'était.
"Tu lui ressemble... Comme ta mère... Tu as les même cheveux que lui et la même flamme au fond des yeux. Ne la laisse pas s'exprimer Serilë, reste celle que tu es aujourd'hui..."Puis, elle m'avait sourit, me caressant la joue avant de s'éteindre.
Une fois de plus, la mort frappait, mais je me devais de garder en tête les enseignements de cette femme sage.
La mort n'est pas la Fin, il y a un Après et nous nous y retrouverions. Je demandais à mon père de me former un peu plus à l'art du combat et je pus apprendre à maitriser un peu mieux son sabre et sa hallebarde, dont il me fit don, au grand damne de mes frères. Mon père leur réservait pourtant ses armures, ses dagues et sa longue épée hérité d'un ami mort au champ d'honneur.
Je fêtais mon vingt-troisième anniversaire avec ma famille, ou ce qu'il en restait. Je repoussais sans cesse les avances de plus en plus pressantes et de moins en moins douces de Gabriel. J'entraînais mon corps et mes capacités, déterminée que j'étais à ne plus jamais revivre un épisode comme celui de la forêt.
D'aucun disait que je ressemblais beaucoup à mon père. Même détermination, même calme froid ponctué par des soubresauts d'impétuosité, même sens de l'honneur et de la justice. Mais je tenais mon respect pour la vie de ma mère.
Ma vie aurait pu être parfaite à cette époque. Mon village, sans être riche ne manquait pas de grand chose, mes frères grandissaient et mûrissaient à vu d’œil. Notre famille était réunie, j'étais entourée d'amis, j'évoluais dans le sens que je voulais. Je pouvais être fière de ce que j'étais devenue.
Mais mon bonheur n'était pas complet. Mon esprit refusait d'oublier l'image de cet étranger ramassé sur le bord de la route.
Ce que j'ignorais c'est que nos routes allaient se recroiser.
La veille de mes 25 ans, alors que le froid cédait lentement la place à une air plus doux, une nuit comme les autres, l'alerte fut donnée.
Jamais je n'aurais imaginé vivre un cauchemar pire que celui de mon viol et pourtant...
Lorsque je pus sortir de notre maison familiale, le village avait déjà presque totalement pris feu et personne ne se préoccupait de contenir les flammes. Échapper à nos agresseurs semblait bien plus important. Je n'avais jamais croisé d'autre race que celle des Humains, mais je n'eus aucun mal à comprendre la nature de nos agresseurs... Des mythes, c'est ce qu'ils étaient censés être. Pourtant, c'était bien des lycans qui s'astreignaient à détruire notre village et à ne surtout laisser aucun survivant.
Nous n'avions aucun endroit ou nous réfugier, nulle part ou fuir, la forêt ne nous offrait pas un abris véritablement sûr, les monstres voulant notre mort, sans que nous en connaissions la raison, nous traqueraient sans mal.
Nous ne pouvions pas non plus nous battre. Nos agresseurs était bien trop fort pour nous et nous n'étions que de simple paysans, comptant dans leur rangs des soldats estropiés ou a la retraite. Quand aux armes en argent...La plupart d'entre nous ignoraient à quoi pouvait bien ressembler ce métal, alors le posséder, c'était pire que de l'utopie.
Nous vivions un enfer. Nous n'avions aucune issue. Pourtant, je refusais d'abandonner. Quand bien même mes armes n'étaient faite que de simple métal, je les utiliserais.
La rage qui me pris cette nuit là me fait encore frisonner, même humaine, j'étais capable de tels excès. Mais l'incompréhension et surtout la crainte motivèrent ma colère. Pourquoi nous ? Qu'avions nous fait de si horrible aux lycans pour qu'ils tiennent à ce point à nous décimer ?
Je le compris que bien plus tard, mais n'arrive toujours pas à le cautionner.
Cette nuit fut la plus longue de toute ma vie. L'attaque avait débuté au milieu de la nuit, nous ne devions tenir que quelques heures pour espérer avoir le soutient du Soleil, mais désarmés face à de telles forces de la nature, nous ne pouvions pas grand chose.
Nombre de mes amis perdirent la vie cette nuit là. Et à peine une heure avant l'aube, ce fut l'un de mes frères, Wajan, qui perdit la vie.
J'étais à quelques mètres à peine de lui, usant tant bien que mal d'une torche et de ma hallebarde pour repousser nos ennemis, lorsque je vis un grand, non, un immense loup gris argenté, bondir sur mon frère. D'un simple coup de griffes aux étranges reflets argentés, il lui ouvrit le ventre, le tuant sur le coup, sans que je ne puisse rien faire.
Ma rage redoubla encore et parvenant à mettre le feu au pelage de mon adversaire, je me tournais vers le meurtrier de mon frère en hurlant. Levant mon arme, je me jetais sur lui. L'un de nous deux mourrait, à coup sure, moi, certainement, mais sur le moment, je m'en moquais éperdument.
Puis, l'espace de quelques secondes, mon regard accrocha l'éclat cuivré de celui que je venais de choisir comme adversaire.
Cette demi seconde d'éternité signa ma perte. Lorsque je croisais le regard du loup, je compris. Je compris ce qu'était l'inconnu que j'avais sauvé, je compris ce qu'était Sin.
Cette couleur...c'était la couleur de ses cheveux et ses yeux...Je les aurais reconnus entre mille.
Sin n'était ni plus ni moins que l'assassin de mon frère et ma demi seconde d'hésitation lui permit de continuer son œuvre de mort. Lorsqu'il m'entendit hurler, lui n'hésita pas une seule seconde et ses griffes me cueillirent au creux du ventre.
Sous le choc, la moitié de mes organes internes explosèrent et l'entaille ouverte sur mon abdomen leur laissait la liberté de s'étaler sur le sol.
La rencontre avec le sol fut rude, pourtant, malgré tout, je ne perdis pas conscience. J'allais mettre longtemps à mourir...Au moins, je pourrais voir un dernier levé de soleil...
C'est ce que je pensais sur le moment. Le souffle court, le teint livide, le regard trouble, la tête vide.
Pourtant, je ne perdis pas la vie...Pas tout à fait.
Étrangère à mon propre corps, j'entendis pourtant mon nom, quelqu'un m'appelait. Ce n'était pas mon père, ni même mon frère. Je croyais reconnaitre cette voix.
Je me sentis soulever et rouvris les yeux...quand les avais-je fermé ? L'espace de quelques secondes, je cru rêver.
Était-ce bien Sin qui me tenait dans ses bras ? Était-ce lui que j'entendais grogner.
"Celle-ci est à moi, personne ne la touchera..."Était-ce ses mots ? Ou bien mon imagination ?
"Assassin..."furent le seul mot qui m'échappa.
J'ignore où, mais je trouvais la force de lever le bras dans l'espoir de le frapper. Ma tentative échoua lamentablement et ma main glissa sur son torse nue...Ahah, maintenant, je sais que je suis morte !
Je n'entendis que vaguement sa réponse...Une question de survie apparemment, pourtant, ni moi ni les miens de menacions sa survie, mais je n'avais plus la force de le lui faire remarquer.
Prise de violents spasmes, je sentis le gout du sang envahir ma bouche et l'odeur de la chair calcinée agressait mes narines.
Je n'eus que très vaguement conscience de mon déplacement, en revanche, la lumière blanche qui m'agressa les yeux me fit revenir brutalement à moi et la douleur devint insoutenable. Pourtant, je ne pus crier, je n'en avais pas la force.
Entrouvrant les yeux, alors que je sentais la vie quitter mon corps, je compris que je faisais face au soleil, que le village...ou ses restes, étaient dans mon dos et que la sensation de chaleur bienfaitrice, alors que je mourrais presque de froid, contre mon flanc venait de Sin.
Etais-je toujours dans ses bras ? L'idée ne me déplaisait pas...Pourtant, il avait tué mon frère et détruit mon village et il y avait pris un plaisir évidement.
Paradoxale jusqu'au bout ! Je cru l'entendre me murmurer quelque chose, mais je n'en compris que vaguement le sens.
"Tu peux me haïr, tu es la seule à avoir ce droit. Mais je ne te laisserai pas mourir, j'ai une dette envers toi. Je ne veux pas te perdre, pardonne mon égoïsme"Si j'en avais eu la force, j'aurais éclaté de rire. Tu ne me laissera pas mourir ? J'aimerais bien savoir comment tu va t'y prendre.
Finalement, j'aurais préféré ne jamais avoir la réponse et mourir ce jour là. Je m'en souviens encore comme si c'était hier, à moins que ce ne soit mon imagination ?
Je sens encore ses lèvres sur la peau de mon cou, je me souviens du frison qui me parcouru lorsque ses crocs effleurèrent ma peau et je suis certaine de ne pas avoir imaginé la douleur que provoqua sa morsure.
Une douleur telle que je n'en avais jamais connu. Le genre de douleur qui vous apprend le vrai sens de ce mot. Je me souviens avoir échappé un couinement misérable. Je me souviens m'être crispé, je ne voulais pas qu'il me sauve, pas comme ça. Pourtant, mon corps n'était pas de cet avis, l'instinct de survie reprit le dessus et plutôt que de le repousser, je me sentis glisser une main dans ses cheveux pour attirer un peu plus sa tête contre mon cou... En faite, avec le recul, je crois que j'ai adoré ça... Folle pourrait être une bon adjectif pour me qualifier !
Après la douleur, ce fut l'apaisement de l'inconscience et l’incompréhension du réveil.
[...à suivre...]